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L’Europe doit lutter contre la déforestation importée

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Foret_amazonie

Face à l'urgence climatique et aux menaces pesant sur la biodiversité, l'Union européenne se retrouve à un carrefour crucial dans la lutte contre la déforestation importée. Alors que la planète subit de plein fouet les effets du changement climatique, les politiques publiques doivent faire preuve de fermeté.

Pourtant, un nuage d’incertitude plane au-dessus de la nouvelle législation européenne destinée à freiner l’importation de produits provenant de terres déboisées, une loi cruciale remise en question par certaines forces politiques, notamment l’Allemagne.

La déforestation importée désigne l'importation de produits agricoles et autres matières premières issus de territoires déboisés.

Parmi les principaux produits concernés, on trouve le soja, l'huile de palme, le bœuf et le bois, souvent associés à la destruction des forêts en Amérique du Sud, en Asie et en Afrique.

Ces forêts, véritables poumons verts de la planète, jouent un rôle essentiel dans la capture du carbone et la préservation de la biodiversité mondiale.

  1. La loi européenne face aux menaces de suspension

    Le 29 juin 2023, l'Union européenne a adopté une loi ambitieuse visant à interdire la mise sur le marché européen de produits liés à la déforestation. Cette législation exige des entreprises qu'elles prouvent que leurs produits ne proviennent pas de terres déboisées après le 31 décembre 2030.

    Bien que ce soit un pas important vers une consommation plus responsable, des voix s’élèvent pour en demander la suspension, notamment de la part de l’Allemagne. Certains responsables politiques estiment que les impacts économiques et commerciaux de cette loi pourraient être trop importants, plaçant l'Europe dans une position délicate dans ses relations internationales.

    Mais ces inquiétudes économiques doivent être relativisées face à l'ampleur des dégâts écologiques causés par la déforestation. En effet, cette dernière est responsable d’environ 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

    Elle contribue à l'effondrement des écosystèmes et met en danger des milliers d’espèces, tout en privant les populations locales de leurs moyens de subsistance. Les incendies qui ravagent les forêts tropicales, comme celui récent en Amazonie le 4 septembre 2024, illustrent l'urgence de la situation. Ces destructions, souvent liées à l'agriculture intensive ou à l'exploitation minière, s’étendent à une échelle alarmante.

  2. La nécessaire responsabilité des consommateurs européens

    Les produits issus de la déforestation se retrouvent quotidiennement dans nos assiettes ou dans nos maisons, sans que les consommateurs en aient pleinement conscience. En tant que premier importateur mondial de matières premières comme l’huile de palme ou le soja, l’Europe joue un rôle central dans ce processus destructeur. La loi de 2023 offre donc une opportunité unique de responsabiliser à la fois les entreprises et les consommateurs européens. Des experts, comme Marine Colli, consultante en affaires publiques et spécialiste des politiques agricoles, appellent l’U.E à rester ferme face aux pressions et à maintenir cette législation en vigueur.

    L’Institut Veblen, représenté par Mathilde Dupré, plaide également pour un maintien strict de cette loi. Selon elle, suspendre une telle mesure reviendrait à ignorer l’urgence environnementale et à renoncer à des engagements internationaux en matière de lutte contre le réchauffement climatique.

    Pour Bruno Dufayet, éleveur et ancien président de la Fédération nationale bovine (FNB), il est essentiel que les pratiques agricoles européennes continuent de tendre vers une agriculture plus durable et respectueuse de l’environnement. Le modèle européen doit être exemplaire pour encourager les autres régions du monde à emboîter le pas.

  3. Les enjeux pour l'avenir

    Si l'Europe cède aux pressions politiques et suspend la loi contre la déforestation importée, elle risquerait de fragiliser ses ambitions climatiques et ses engagements dans l'accord de Paris. En outre, cela pourrait envoyer un signal négatif aux autres grandes économies mondiales, en leur indiquant que des considérations économiques à court terme peuvent prendre le pas sur des engagements environnementaux de long terme.

    Cette bataille autour de la déforestation importée est donc bien plus qu’un simple débat commercial. Elle met en lumière les contradictions de notre modèle économique globalisé et les défis à surmonter pour garantir un avenir durable. Les forêts du monde ne sont pas seulement des ressources économiques ; elles sont les piliers de la vie sur Terre, abritant une biodiversité inestimable et jouant un rôle crucial dans la régulation du climat.

    Pour l'Europe, l’enjeu est clair : il s'agit de savoir si elle peut rester fidèle à ses ambitions écologiques et jouer un rôle de leader dans la lutte contre le réchauffement climatique, ou si elle pliera sous les pressions économiques internes et internationales. Face à une telle crise écologique, la fermeté est de mise. L'avenir de notre planète en dépend.