La chasse aux baleines en 2024 : décryptage d’une controverse
Le combat de Paul Watson a été au cœur de l'actualité au cours des derniers mois de l’année 2024. Quelle que soit la justesse ou non de ses actions, il a permis de mettre en lumière l’existence persistante du commerce de la baleine.
Incompréhensible pour les Français que nous sommes, tant cette pratique nous semble étrangère et pourtant c’est aussi en Europe du Nord que l’on chasse la baleine.
Alors, pourquoi tuer les baleines en 2024 ? Est-ce uniquement une histoire de culture ou est-ce bien plus compliqué que cela ? Nous avons voulu comprendre, et voici le résumé de notre enquête.
Qui chasse encore la baleine et pour quoi faire ?
Actuellement, seules trois nations pratiquent officiellement la chasse à la baleine à des fins commerciales : le Japon, la Norvège et l'Islande. Ces pays se sont retirés des restrictions imposées par la Commission baleinière internationale (CBI) pour poursuivre cette activité, malgré les critiques mondiales.
En Asie, le Japon est le principal acteur. Il a repris la chasse commerciale en 2019 après avoir quitté la CBI. En parallèle, certaines communautés indigènes, notamment dans l’Arctique, continuent de chasser les baleines pour des raisons de subsistance comme les Inuits au Canada et au Groenland, qui chassent les baleines pour se nourrir. En Russie c’est la communauté des Chukchi qui pratiquent une chasse limitée aux espèces locales.
Quelques chiffres clés :
En 2023, environ 1 500 baleines ont été tuées dans le monde, principalement par le Japon, la Norvège et l’Islande.
La consommation de viande de baleine au Japon représente moins de 0,1 % de la consommation totale de viande dans le pays, selon une étude de 2021.
Près de 40 % des Japonais considèrent la chasse à la baleine comme une tradition importante, mais seulement 4 % en mangent régulièrement.
Pourquoi certaines communautés continuent-elles à manger de la baleine ?
Un héritage culturel revendiqué
Au Japon, la consommation de viande de baleine remonte à plusieurs siècles. Après la Seconde Guerre mondiale, la baleine était une source importante de protéines pour un pays en reconstruction. Aujourd'hui, elle est principalement consommée par les générations plus âgées, attachées aux traditions.
Certains restaurants et écoles japonaises servent encore de la viande de baleine. Mais pour les jeunes générations, cette habitude tend à disparaître.
Une consommation de niche
En Islande et en Norvège, la viande de baleine est souvent destinée au marché local ou au tourisme. Paradoxalement, certains touristes étrangers consomment de la viande de baleine par curiosité, alimentant ainsi une demande qu’ils condamnent souvent dans leur pays d’origine.
Comme nous l’avons évoqué plus haut, pour les communautés autochtones comme les Inuits, la chasse reste essentielle. Elle fournit de la nourriture et des matériaux (graisse, os) utilisés dans leur quotidien.
Les arguments économiques et politiques derrière la chasse
Derrière la chasse à la baleine se cache une industrie soutenue par certains gouvernements. Au Japon, par exemple, les subventions permettent à cette activité de survivre, malgré une demande faible. Les raisons ? Préserver les emplois dans les régions côtières et maintenir une souveraineté alimentaire face aux critiques occidentales.
En Norvège et en Islande, les arguments économiques sont similaires, mais l’activité est surtout justifiée par une faible réglementation. Ces pays estiment que certaines espèces de baleines, comme la baleine de Minke, ne sont pas menacées et peuvent donc être chassées.
Une opposition croissante et un avenir incertain
L’opposition internationale à la chasse à la baleine est menée par des organisations comme Sea Shepherd ou Greenpeace. Elles dénoncent les impacts environnementaux et éthiques de cette pratique.
Par ailleurs, les jeunes générations, au Japon comme ailleurs, consomment de moins en moins de viande de baleine. Cette baisse de la demande pourrait entraîner un changement, d’autant plus que la chasse à la baleine est de plus en plus coûteuse et difficile à justifier.il y a donc de l’espoir pour que cette pratique s’arrête toute seule si la demande n’existe plus.
Conclusion : Entre tradition et pression internationale
En 2024, la chasse à la baleine reste une pratique controversée, oscillant entre héritage culturel et enjeux économiques. Alors que les mentalités évoluent et que l’urgence écologique s’intensifie, cette activité semble de plus en plus en décalage avec son époque.
Si certains pays continuent de défendre cette pratique, le combat de figures comme Paul Watson contribue à sensibiliser le monde entier à l’importance de protéger ces géants des océans.