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Transition énergétique - à quelle date la France atteindra-t-elle une électricité 100 % verte ?

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En 2024, l'Union européenne a réalisé des avancées significatives dans sa transition énergétique. Les énergies renouvelables ont représenté 47 % du mix électrique européen, contre 34 % en 2019. C’est donc une bonne nouvelle.

  1. L’objectif 2050 : une ambition française pour l’électricité verte

    Depuis l’accord de Paris et la loi énergie-climat, la France s’est engagée à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. L’électricité, pilier de cette ambition, devra être produite intégralement à partir de sources décarbonées.

    Aujourd’hui, environ 25 % de l’électricité consommée en France provient des énergies renouvelables (éolien, solaire, hydroélectrique, biomasse). Le reste est majoritairement assuré par le nucléaire, qui représente près de 70 % du mix électrique. Bien que décarbonée, cette énergie ne rentre pas dans la catégorie des renouvelables.

    Atteindre cet objectif nécessite donc une transition massive vers des énergies 100 % vertes, combinant éolien, solaire, hydraulique, géothermie et biomasse. Mais les retards constatés dans le déploiement des infrastructures compliquent la réalisation de cet objectif en seulement 25 ans.

    Si nous tenons compte des retards récurrents liés au déploiement des énergies renouvelables en France (notamment les éoliennes et les panneaux solaires) ainsi qu'à la complexité des projets nucléaires, il semble peu probable que le pays atteigne une production 100 % d’électricité verte d’ici 2050. Une date plus réaliste pourrait se situer autour de 2060, voire 2065. Voici pourquoi : 

  2. Les retards structurels et administratifs

    En moyenne, il faut entre 7 à 10 ans pour qu’un projet éolien voit le jour en France. Les oppositions locales, les recours juridiques, et les lenteurs administratives freinent le développement. En parallèle, les projets nucléaires de nouvelle génération (comme les EPR) subissent également des retards conséquents. Par exemple, l'EPR de Flamanville, initialement prévu pour 2012, ne sera opérationnel qu’en 2024 (si aucun nouveau retard n'intervient). 

  3. L’insuffisance actuelle des infrastructures

    Pour atteindre 100 % d'énergie verte, la France doit multiplier par 3 ou 4 ses capacités d'énergies renouvelables (éolien, solaire, hydroélectricité). Or, le rythme actuel de déploiement reste en-deçà des objectifs.  Même avec une accélération, il faudra des décennies pour combler l’écart. 

  4. Les incertitudes sur les technologies de stockage

    Un réseau 100 % renouvelable nécessite des solutions de stockage d’énergie massives pour pallier l’intermittence du solaire et de l’éolien. Actuellement, ces technologies (comme les batteries ou l'hydrogène vert) sont encore coûteuses et peu développées. Leur maturité pourrait nécessiter encore 20 à 30 ans. 

  5. La stratégie nucléaire maintenue

    La France mise toujours sur un mix énergétique où le nucléaire reste dominant. Si cette stratégie se poursuit, l’objectif d’un système entièrement basé sur des renouvelables pourrait être repoussé, car le nucléaire est considéré comme une énergie de transition bas-carbone, mais pas renouvelable. Et sur ce sujet nous savons d’expérience que cela dépend des politiques et que la stratégie risque de changer en fonction des futurs gouvernants au pouvoir dans notre pays.

  6. 2060 : un horizon plus réaliste 

    Si la France surmonte les obstacles mentionnés et accélère réellement sa transition énergétique, un horizon réaliste pour une électricité 100 % verte pourrait être 2060-2065.

    Cela nécessitera des efforts colossaux : simplification des procédures, augmentation des investissements et innovations dans le stockage et les réseaux intelligents. Mais on a le droit d’y croire !