Le biochar, nouvel or noir
Encore méconnu du grand public, le biochar (contraction de l’anglais bio et charcoal) est un charbon biologique composé de résidus végétaux, qui sont carbonisés par pyrolyse. Il constitue un très puissant puits de carbone. C’est une solution d’avenir pour le climat qui fait rêver les acteurs de la décarbonisation.
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Focus sur ce prodige.
L’activité humaine déplace avec excès le carbone du sol vers l’atmosphère. Le défi climatique consiste à inverser ce processus. Et le biochar est l’une des solutions pour y parvenir. Une tonne de biochar permet de séquestrer trois tonnes de CO2 soustraits de l’atmosphère par phytosynthèse.
Selon les estimations du GIEC, le biochar pourrait permettre en 2050 de séquestrer un à deux milliards de tonnes de CO2 par an, soit 15 à 20% des besoins de séquestration qu’il faudra mettre en œuvre pour limiter le réchauffement à 1,5°C.
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Mais comment produire ce biochar ?
À l’état naturel les plantes stockent le carbone par photosynthèse. Cette biomasse, lorsqu’elle se décompose ou qu’elle brûle, relâche ce carbone dans l’atmosphère. Grâce à la pyrolyse on peut transformer les biomasses inutilisées en une nouvelle matière, le biochar, constitué à 80% de carbone, sous forme stabilisée et utile.
On peut ainsi valoriser les résidus de la filière bois comme la sciure, le bois malade, les écorces ou le bois sans valeur commerciale pour les transformer en biochar et les retourner au sol. La structure ultra poreuse du biochar lui donne des propriétés fantastiques contribuant à la vitalité des sols, en retenant l’eau, en fixant les minéraux et des nutriments, mais aussi en stimulant le développement des micro-organismes. Plus les sols sont régénérés, plus ils vont capter du carbone. C’est un cercle vertueux.
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Les avantages du biochar
D’autre part, la combustion du biochar lors de la pyrolyse dégage un gaz qui permet de limiter l’utilisation d’énergie fossile. Il est notamment utilisé pour le four à pyrolyse. Le système de production s’auto-alimente et les gaz ne sont pas rejetés dans l’atmopshére.
Ses applications sont nombreuses et en plein développement. Dans les sols pour cultiver toute sorte de végétaux, dans les matériaux de construction pour en diminuer l’empreinte carbone,ou encore pour soutenir le retour massif des arbres en ville pour une meilleure qualité de vie, mais aussi pour absorber les excès de pluie en période humide et rafraichir nos espaces urbains l’été.
Vous l’aurez compris, le biochar est une solution d’avenir pour restaurer les sols et agir pour le climat. Mais il n’a pas encore délivré tous ses secrets. Les études scientifiques se poursuivent pour affiner les connaissances . Et le prix est encore un frein pour envisager sa fabrication à grande échelle.