Les derniers enseignements du « Giec de la biodiversité »
La surexploitation des espèces sauvages constitue aussi un danger pour des milliards d’êtres humains. Les deux derniers rapports de l’IPBES (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques – l’équivalent, pour la biodiversité, du Giec, pour le climat) confirment le déclin du vivant et apportent un éclairage nouveau sur notre vision de la nature.
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Un nombre croissant d’espèces sauvages menacées
Selon l’un des rapports, 12% des espèces d’arbres sont menacées, 34% des poissons sauvages marins sont surexploités et 1341 espèces de mammifères sauvages sont menacés.
Or, nombreux sont les humains qui ont directement besoin de la faune et de la flore sauvage pour vivre. Dans le monde, une personne sur cinq dépend des plantes sauvages, des algues ou des champignons pour sa nourriture et ses revenus ; une personne sur trois dépend du bois de chauffage pour cuisiner ; 100 millions de personnes vivent de la pêche de manière artisanale.
Le problème est que l’exploitation massive des ressources de la nature ne permet plus leur préservation : un usage durable s’avère donc indispensable pour assurer la sécurité alimentaire des populations. D’autant que ce sont les populations rurales des pays en développement, donc les plus pauvres, qui sont les plus touchées : 3,5 milliards de personnes, soit 45 % de l’humanité… -
Comment éviter la surexploitation des espèces
Plusieurs mesures sont proposées dans ce rapport, comme :
• développer la lutte contre le commerce illégal d’espèces ;
• protéger les peuples autochtones qui réussissent à concilier utilisation et préservation des milieux sauvages ;
• mener une politique à tous les niveaux (mondial, national et local) pour soutenir des droits fonciers sûrs et un accès équitable aux terres, forêts, zones de pêche ;
• supprimer les subventions financières nuisibles et soutenir la pêche artisanale. -
Redéfinir la relation entre les humains et la nature
Le second rapport s’est penché sur la façon dont la nature est prise en compte dans les décisions politiques en général et conclut que l’approche économique – le fait de voir la nature comme une « valeur marchande » – n’est plus suffisante. Les indicateurs utilisés, qui sont la croissance et le PIB, entraînent en effet une vision à court terme, déconnectée de la dégradation de l’environnement et même de notre qualité de vie.
Le but désormais devrait être de viser un avenir durable et juste, en arrivant à une harmonie entre les activités humaines et la nature. Cela passera par une évolution du point de vue adopté pour prendre des décisions : de « vivre de la nature » (utilisation pure et simple des ressources), on essaiera d’évoluer vers « vivre avec la nature » (respect du vivant), « vivre dans la nature » (importance de la nature en tant que cadre épanouissant) ou « vivre comme la nature » (connexion avec la nature).