Transport collectif gratuit : un modèle écologique et social
Un nombre croissant de villes proposent aujourd’hui la gratuité des transports en commun. En quoi ce modèle se révèle-t-il intéressant ?
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Les motivations initiales
La gratuité des transports collectifs est motivée par trois objectifs. D’abord, il s’agit de développer la mobilité durable : diminuer l’autosolisme (qui désigne le fait d’effectuer ses déplacements quotidiens seul dans sa voiture) pour réduire l’émission de CO2, principale cause du réchauffement climatique et la pollution de l’air. Le deuxième enjeu est la revitalisation du centre-ville : la gratuité des transports permettrait d’inciter plus de personnes à revenir vers les centres-villes, dont l’image est souvent associée aux problèmes de stationnement. Enfin, le but est également de favoriser l’accessibilité sociale du transport collectif, à l’intention des personnes ayant les revenus les plus faibles ou des jeunes.
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Une gratuité partielle ou totale
Aujourd’hui en France, 35 collectivités proposent la gratuité totale des transports collectifs, ce qui représente en tout 376 communes, selon l’Observatoire des villes du transport gratuit. Les plus importantes en nombre d’habitants sont Dunkerque, Niort, Aubagne et Calais.
D’autres ont fait le choix d’une gratuité partielle, selon des critères d’âge (moins de 18 ans, séniors…), sociaux (personnes sans emploi, personnes à faibles revenus, bénéficiaires de l’allocation adulte handicapé) ou temporels (le weekend, les vacances scolaires…), comme Nantes ou Rouen.
La métropole de Montpellier, après avoir testé une gratuité partielle (le weekend ou pour certaines catégories de personnes), va étendre la gratuité à tous à partir de 2023. Elle deviendra alors la plus grande collectivité (450 000 habitants) à pratiquer le transport collectif gratuit.
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Une mesure souvent moins coûteuse que prévu
Il faut savoir que le financement des transports en commun est déjà largement pris en compte par les collectivités. Selon le site vie-publique.fr, seuls 10 à 40 % sont effectivement financés par les usagers, lorsqu’ils achètent un ticket ou un abonnement. Ce sont les intercommunalités de taille moyenne qui ont les taux les plus bas, ce qui explique qu’elles représentent la majorité des collectivités ayant choisi la gratuité. À l’inverse, les grandes agglomérations, plus dépendantes de la billetterie pour leur financement, sont moins enclines à aller vers le modèle de la gratuité.
S’il entraîne bien sûr une baisse de revenus pour la collectivité, le passage à la gratuité supprime en revanche de facto les frais de billetterie et de contrôle, ce qui permet de récupérer une partie des finances. D’autre part, l’augmentation de la fréquentation due à la gratuité a pour effet une optimisation du fonctionnement des transports collectifs. Il s’avère en effet que de nombreux réseaux de bus en France sont sous-utilisés, avec parfois une offre de transports en doublon entre la commune et la région. Ainsi, à Dunkerque, après le passage à la gratuité en 2018, on a constaté que les bus qui roulaient auparavant aux trois-quarts vides sont désormais remplis. Avec, à la clé, une réduction importante et très appréciable des incivilités.